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Sylviel
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19 décembre 2012

Voici un nouveau texte...

qui m'a procuré toujours ce même plaisir d'écrire. J'espère que vous trouverez intérêt, sens et plaisirà le découvrir.

Quand elle se souvient de leur première rencontre, rien de fantastique n'effleure sa mémoire. 'Fantastique', au sens de merveilleux, inoubliable, frisant le surnaturel. C'est ce qu'elle cherche toujours, Maria, une rencontre possible avec l'impossible, un quelque chose d'éclatant, d'extraordinaire. Le premier croisement avec cet homme fut normal, presque trop. Peu de hasard sans doute, puisque le jour où ils se firent face, elle affichait une allure piteuse, mal fagotée, les cheveux en vrac, l'air grincheux, le teint pâlichon, l'œil charbonneux de celle qui ne s'est pas démaquillée la veille. Pas le moindre appât à tendre à l'autre. La rencontre se fit en silence sur le trottoir ordinaire d'une ville ordinaire, enfin presque... En fait de ville, il s'agissait plutôt d'une bourgade, plus gros qu'un village, plus petite qu'une ville. Un silence ordinaire ! C'est cette sorte de moment suspendu où l'on ne dit rien, et où rien ne se dit. Aucune respiration, pas l'once d'un souffle, un grand calme ambiant. Elle frissonna pour tenter de l'habiter ce silence de plomb à couper au couteau, ou pour le rompre. Il en disait trop long sur sa difficulté à l'apprécier. Avec cette omerta autour d'elle, Maria s'attendait à une balle visée en plein cœur. Heureusement rien ne vint. Elle continua son chemin, ce silence accrochée en elle. Croisement dans une quiétude impersonnelle, simple frôlement, cela aurait pu être sans conséquence...

Le temps passa, celui où décroissent les secondes arondes, où s'effondrent les minutes à pic, lente démarche opaline, inlassable tour du cadran. Un jour, attablée dans un café aux vitres donnant sur la rue, elle empilait des mots sur la feuille blanche de son calepin, une distraction pour s'attendrir sur l'automne et ses corolles ombrées, ses racines graciles piétinées sans vergogne, fines blessures à fleur de plume. En relevant la tête pour prendre l'inspiration manquante, elle remarqua qu'il l'observait derrière la vitre.

Il entra, elle reconnut aussitôt son silence... inchangé, dérangeant, aussi méconnu que l'autre fois. Un silence à façonner pour l'apprivoiser. Ils se sourirent. L'infini étirement de leur bouche inondait leur visage d'une lueur particulière. Elle lui montra la place vide à ses côtés. Il la prit. L'iris de leurs yeux fit ce même plongeon absurde dans l'inconnu. L'incompréhension du désir. L'envie sans interdit. L'exploration aventureuse. Le cristal des âmes mystérieuses. La profondeur des solidarités secrètes. L'étreinte de l'instant.

Pourquoi prononça t- elle Sila, l'esprit qui apporte les tempêtes chez le peuple Inuit ! Ajoutant que c'était son prénom. Elle ne sait pas, elle ne sait plus, lui savait qu'elle disait vrai. Il invita la délicatesse de son aura céleste pour une promenade cristalline dans les limbes de son silence terrien. La fête dans ce sens pouvait commencer. Sylviel.

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