Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sylviel
Sylviel
Publicité
Sylviel
Archives
Visiteurs
Depuis la création 6 257
15 août 2015

Notes de Chevet

 

Au fil de l'écriture 

J'ai ouvert le livre, j'ai lu… sa main échouait sur sa chevelure comme une feuille morte… peut-être était-ce… comme une feuille d'automne. Quand j'ai cherché à nouveau la phrase, elle avait disparue.

L'ouvrage s'intitule "Au fil de la  vie". La plume glisse sans écorchure ni rature. Son auteur, Rainer Maria Rilke, aurait-il écrit ainsi en tapant sur les touches d'un clavier d'ordinateur ?

         J'aime l'encre qui s'affole, se retient, sur laquelle on repasse, qui s'arrête pour se vider du sang de ses mots. J'aime aussi les coupures nettes. La souris tueuse sélectionne l'erreur d'un simple clic. Elle capture, efface un mot, un paragraphe, une page entière. Parfois, elle la change sa place. Rien de sorcier ! Pourtant il y a de la magie dans cette machine, peut-être de la magie grise qui vole quelques pans à notre âme.

         Plus loin, ou bien avant, j'ai encore lu… l'enfant s'est mis à pleurer en notes longues et désespérées. Tel un vers, la rime tristement belle dit la poésie des mots qu'on accole pour qu'ils tintent, mélodieux, simple aria. Plus sonores, ils percent le drame, se font prière et véhémence, mêlant leurs vilains travers à la sueur du langage. Mes mots ? Pour leur donner bonne mine, je les habille par petites touches, donnant à chacun le vêtement juste pour qu'on ait plaisir à les lire.

         Puis, j'ai refermé le livre, un instant à l'écoute des bruits. Les bruits des villes s'entendent différemment de ceux perçus en longeant un bord de mer, en arpentant une colline,  le regard posé sur la blancheur d'un sommet. Sur les trottoirs des villes, les mots en pleine circulation sont courants, remplis d'air, passe-partout, abrupts. Ils ne se susurrent pas. Pas le temps, pas l'envie, ni les moyens. Le bruit déballe sa couverture à l'étal de tout. Alors les mots s'étouffent, asphyxiés, perdus au milieu de la foule. Pour survivre, ils doivent pousser des cris haut et fort. Après, je ne sais plus… j'ai perdu le fil si délicat !

Sylviel.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité