Et si les mots se contaient...
Les mots dansent sous la pluie
Averse de gouttes syllabes
Poursuite de phrases sans pied
Grêle d'onomatopées
Comment assécher le cours d'idées
Réduire le tumulte des pensées
Drainer le flux du trop parler
Comment tirer les persiennes du dire
Entamer le plaidoyer
D'un langage tissé d'intimité
Où la place au silence se fera intense
Le tendre feutré apprivoisé
Les ondées du pire balayées
Sylviel.
Et parce que la pluie est toujours d'actualité...
Il pleut...
Bombance de la rivière en crue
La verdure déguste les sanglots longs
Éclats translucides
Sur le front embué des croisées
Il pleut tant
De la terre ensommeillée
Monte un tapis de plaintes
L'eau vive se sature
Les roses appesanties ébrouent leurs bras santal
Quand les calices palpitent sous le poids vertical
Il pleut en vrac
Le paysage noyé couve sa douce grisaille
Les squelettes arborés hurlent leur peur au vent
La divine pluie charrie ses battues d'eau
Par paquets ficelés que rien ne peut arrêter
Il pleut encore
Apnée intemporelle
Les corneilles affamées livrent un duel sans pareil
Trace diurne d'une envolée nocturne
Il pleut toujours
Sylviel.